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Cuisine de la mer
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9 janvier 2011

Omelette au maquereau fumé et au sirop d'érable

Je me suis souvent demandé quelle saveur pouvaient avoir les œufs d'oiseaux de mer, et si on pouvait leur appliquer les mêmes recettes qu'aux œufs de caille par exemple, lesquelles ont ceci de marin qu'on les élève en caillebotis. 

Mon grand-père une fois posé son sac de marin à terre, s'était pris de passion pour l'élevage, il a eu des poules, des dindons, des moutons, des génisses, des lapins, des taupes dans son potager, des merles dans son verger et des souris dans son cellier. 

Lorsque ma grand mère m'expédiait chercher des œufs au poulailler, même motivé par les délices qui en découleraient, je n'étais pas vraiment à la fête car les poules ne m'aimaient pas (traumatisme d'enfance qui bien heureusement s'est radicalement inversé depuis, je suis devenu la coqueluche des poulettes de grain), et ces connes gallinacées s'amusaient régulièrement à me piquer les mollets, voire à me marcher sur les tongues de leurs pattes griffues à l'hygiène douteuse. 

Je confesse qu'elles pouvaient couver quelques griefs à mon égard, car lorsqu'elles étaient en balade dans le verger clos, ce n'était pas le Dernier des Mohicans mais le Premier des Peticons qui testait sur elles ses derniers prototypes de lances, sabres d'abordage, flèches ou lance-pierres. Pool!

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Mû par des pulsions de vengeance et d'escalade de la violence, j'avais lu dans un bouquin de conseils pratiques pour ruraux, qu'il suffisait de plonger une grappe de raisin dans l'écuelle d'eau des poules pour les rendre littéralement dingues (strictement authentique). Ce fut un échec cinglant, elles n'y firent même pas attention, à mon grand soulagement d'ailleurs, car j'avais l'impression d'avoir poussé le croupion un peu trop loin pour la patience, pourtant abyssale, de mes grands-parents.

Lorsque j'approchais du nichoir, il n'était pas rare que j'y trouve une ou plusieurs de ses péronnelles à crête molle roupillant plus ou moins sur la couche de paille. Là, il fallait que je passe la main sous leur ventre pour vérifier si ces gourdes caquetantes ne dissimulaient pas un œuf, genre "Je veux moi aussi m'accomplir dans la maternité, alors je couve et j'ai le droit à une place assise". 

Après m'avoir regardé d'un œil torve, la tête inclinée de biais (la poule ne voit pas vers l'avant, ce qui lui donne également cette démarche ridicule), la baudruche emplumée me piquait la main de son bec aussi douteux que ses pattes. J'en étais venu finalement à les chasser de leur nid en utilisant une raquette de badminton assez maniable pour ne pas risquer de casser l'œuf potentiel, et au manche assez long pour éviter les coups de bec de la connasse.

Des tas de gens se demandent qui de la poule ou de l’œuf est venu en premier, alors que j’avais la réponse dès mon plus tendre âge : la poule est trop con pour penser toute seule à faire un œuf, la preuve est qu’il fallait placer de faux œufs (des bocons, ça ne s'invente pas) dans le nid pour leur donner l’idée de pondre.  

Mon grand-père prétendait toutefois que les poules sont plus intelligentes que les lapins, car elles trient leur nourriture (lorsqu'on leur coupait de l'herbe, j'étais chargé de veiller à ce qu'aucun myosotis rouge ne passe dans la ration, ils sont toxiques, alors que les bleus, c'est bonnard, à moins que ce ne soit l'inverse, j'ai un peu oublié depuis), mais je ne pense pas qu'un marin puisse être objectif à l'égard du cousin du lièvre. Je crois au fond qu'il tentait de me réconcilier avec la basse-cour, bien que ça le fasse bien marrer de me voir partir en quête d'œufs avec une raquette...

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Quant aux œufs d'oiseaux de mer, je vous déconseille de tenter de vous en approcher… Je me souviens d'un jour où nous étions à la pêche au maquereau avec mon père et deux de ses comparses, je ne sais pas quelle idée leur a pris d'aborder un îlot rocheux pour escalader une paroi depuis le bateau, alors que j'étais consigné à bord pour justement déborder afin de ne pas abimer la coque sur la roche.  

Tout à coup il y eut un envol de goélands ou de je ne sais quoi, mais pas contents du tout, je me suis réfugié en vitesse dans le poste de pilotage, tandis que mon père et ses copains redescendaient à toute vitesse, poursuivis par les volatiles furieux, l’un d’entre eux bien blessé au front pas très loin de l’œil. Un vrai Hitchcock...

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(Crédit Photo)

Bref les volailles, comme les autres animaux, je les préfère bien cuisinées. Les humains c’est presque pareil. Un copain policier (c'est un out-coming) m’a un jour parlé de la responsable d’un service voisin du sien, une vraie harpie de poulailler, caquetant toute la journée, coiffée d’une crête qui ondulait quand elle branlait du chef, toujours prompte à la prise de bec. Elle poussait le mimétisme jusqu’à s’habiller en pied-de-poule, à avoir la bouche en cul de poule; tout le monde marchait sur des œufs, jusqu’au moment où elle s’est faite embrocher par un légionnaire : on ne l’a plus revue.

Elle a été remplacée par un jeune coq, l’emplumé de frais dans toute sa splendeur, cravates multicolores mais croupion serré, se pavanant à la machine à café comme le cousin de la ferme sur son fumier, macho, râleur  et buveur de Ricard-sinon-rien. Toujours prompt à clamer l’heure, on n’a jamais su si c’était pour vilipender ceux qui arrivaient en retard ou ceux qui partaient en avance, car ils se croisaient.  Prompt à monter sur ses ergots pour humilier un subordonné, et à gratter avec z'ailes au passage du taulier, tantôt  prédateur, parfois proie, mais toujours au rayon des vers de terre, de la très basse cour. Un jour, une mère-maquerelle l’a carré dans son four : on ne l’a plus revu.

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Bon, si quelqu’un aime les gallinacés, on peut toujours débattre, mais pas avant que je n’ai fini de cuisiner ce billet. 

Omelette au maquereau fumé et au sirop d'érable

Ingrédients

- six œufs
- trois petits maquereaux fumés
- un oignon doux (Rosé de Roscoff pour moi)
- deux cuillers à soupe de sirop d'érable
- une cuiller à soupe de crème fraîche
- ciboulette 
- sel
- poivre noir

Ce n 'est pas une idée de recette que j'ai inventée, car il est rare que j'utilise des ingrédients très sucrés et le sirop d'érable ne fait pas partie de ma culture. Elle n'aurait jamais vu le jour si ma fille ne m'avait pas demandé voici quelques semaines, de lui en acheter pour arroser ses pancakes, du coup j'en avais dans un placard.

En fait, je regardais sur le net comment les maquereaux fumés sont utilisés en cuisine, quand je suis tombé sur cet intitulé de plat proposé par un restaurant québécois, "La cabane à sucre", la recette ne figurait pas sur le site, du coup j'ai bricolé un truc car l'association me tentait. 

Recette

Commencez par lever les filets des maquereaux, en ôtant la peau, puis coupez-les en morceaux pas trop petits. Coupez une vingtaine de tiges de ciboulette en petits tronçons. Émincez l'oignon assez finement. 

Préparez l'omelette en mélangeant le blanc des œufs avec la crème fraîche (laquelle ne doit pas être trop froide),  puis ajoutez les jaunes et les deux cuillers à soupe de sirop d'érable, vous pouvez aller jusqu'à trois si les saveurs sucrées/salées ont votre faveur.  Assaisonnez d'une généreuse pincée de sel, et battez un peu le mélange, qui ne doit pas être trop homogène.

Préchauffez votre four sur la position grill. Dans une poêle, faites fondre du beurre avec un peu d'huile, en graissant bien les bords de l'ustensile. Placez-y l'oignon à rissoler sans colorer, ajoutez les morceaux de maquereau fumé, remuez quelques secondes puis versez l'appareil à omelette. Ajoutez la ciboulette et du poivre noir assez généreusement, le maquereau et le poivre font très bon ménage!

Laissez cuire à feu moyen, et lorsqu'il ne reste plus qu'une pellicule baveuse en surface, terminez la cuisson sous le gril du four, en surveillant attentivement, car cela colore vite. Faites glissez dans un plat et servez.

omlet 

C'était très bon, même si mon omelette a été qualifiée de "quiche sans pâte", tout cela pour une malheureuse cuiller de crème fraîche et un passage éclair au four, je vous jure, il y a des jours où je rêverais presque de tenir un fast-food... Enfin, tant qu'on ne prétend pas que je cuisine une omelette de docker, les vrais brestois me comprendront!

J'aime bien cuire mes omelettes ainsi, car d'une part, je ne les aime pas trop baveuses. D'autre part, je suis grand amateur d'omelette froide en pique-nique, en bateau, etc; depuis que j'ai tenté ce mode de cuisson, je le trouve idéal pour cet emploi, le froid-baveux, je ne peux pas. 

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Une petite salade de mâche bien relevée de vinaigre, pour une petite incursion vers l'aigre-doux, un bon verre d'eau froide (et ouais... toujours régime), et roule ma poule!

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Commentaires
D
Tous mes voeux maritimes Patrick, bien salés, bien iodés comme d'hab !<br /> Pour 2011, je fais un vœu et un seul, une bouffe ensemble avant que la Faculté ne me mette irrémédiablement à la diète forcée ;o))<br /> <br /> Amicalement Dimitri le pêcheur de Port...
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B
why not? Il faut oser!
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A
je tombe ici par hasard et cette omelette me fait bien envie, je la mets dans mes tablettes à tester
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G
Moi aussi j'ai des souris au cellier - et ca me tente serieusement d'avoir un poulailler (malgre l'oeil torve, l'hygiene approximative et la stupidite des gallinaces en questions, ca donne quand meme de bons oeufs).<br /> L'omelette sucree me fait penser a l'omelette japonaise des bentos.
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F
Merci pour ce billet écrit avec z'ailes (j'admire l'audace !) et délectable, à la hauteur d'une omelette qui m'a l'air de l'être tout autant :-)
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