Palourdes farcies au jambon et à la tomate

L’été, les palourdes, et de moins légères

Sa majesté l’astre solaire daigne enfin pointer sa lumineuse face sur les contrées les plus septentrionales de notre pays, après un printemps que je n’hésite pas à qualifier d’aussi moisi qu’un anchois oublié entre deux morceaux de fougasse dans une grotte de Roquefort.

J’ai même dû fuir la Bretagne à la fin du mois de juin, pour cause de mouvement social de la part d’une certaine catégorie de microclimat, moi qui n’admets que sous la menace (c’est ça ou tu manges du surimi toute ta vie) ou la torture (le corps enduit de beurre doux par un marin d’eau douce) que parfois, un léger crachin vivifiant le dispute à la canicule dans mes abers. 

Déjà pour me contrarier, il y avait un coefficient de marée aussi dynamique qu’une manifestation de bulots végétariens : aller pêcher en juin, même par temps contrarié est pourtant un moment privilégié avant l’arrivée ravageuse des hordes de touristes sur l’estran.

Vous ne me verrez que rarement pêcher durant les mois d’été, mon sang bout littéralement à la vue de ces chaos de rochers retournés et jamais remis en place, de ces bancs de sable sauvagement labourés pour capturer une poignée coques qui finiront leur vie à pourrir dans un méchant seau de plage au lieu de garnir mes cassolettes ou se baigner dans une sauce au tamarin.

Il y a cinq recettes de coques sur ce blog,  je ne sais pas si elles sont toutes référencées dans l'Index des Recettes qui n'est pas vraiment à jour (je déteste mettre à l'index, voire à l'auriculaire), utilisez plutôt le moteur de recherche en haut et à droite. 

Entretenir le jardin-champs, certes c’est une activité aussi noble que saine, mais sous le vent et la pluie, cela devient vite aussi agréable qu’un câlin d’oursin. Rester à l’abri dans la maison pour écrire, point de salut hors la couette, la température intérieure dans mes vielles pierres étant sensiblement la même qu’à l’extérieur, avec cette sensation d’humidité. Pour la première fois de ma vie (serait-ce que je vieillis ?) j’ai dû m’avouer vaincu par les éléments, et par ma mauvaise volonté, car j’aurais pu allumer le chauffage et/ou un feu de cheminée, mais non, l’été c’est l’été.

Bref je suis parti aussi énervé que si j’avais passé la nuit avec un vénériculteur.

Nous y revoilà donc avec un anticyclone bien droit dans ses bottes, avec l’envie de remettre le nez en terrasse pour déguster de jolies choses avec le verre qui va bien, et surtout de retrouver ces produits de saison qui font tant de bien et de lumière dans l’assiette. Il y a même eu une "Alerte à la canicule à Lannilis" qui s'est déclenchée sur mon téléphone le 18 juillet, si ça se trouve on a frôlé les 21°...

Cela tombe bien, c’est la saison des palourdes, des tomates et du thym. J’ajoute volontiers que c’est aussi la saison du jambon blanc, surtout s’il est bien rose.

Je vous déjà proposé cette association au tout début du blog, mais cuisinée en cocotte façon marinière ; la voici servie en coquillage farci, tellement plus pratique à manger distraitement tout en devisant des dernières tendances dans les bistrots du bourg, comme le retour du flamby ou du yaourt dans les verres (où il est question de pastis dilué avec très peu d’eau, et non de produits laitiers). 

On peut manger des palourdes sans arrière-pensées, la plupart de celles qui sont proposées à la vente proviennent d’élevages naturels, écologiquement acceptables si ils ne sont pas trop concentrés, et si vous les préférez sauvages, les gisements sont encore assez préservés : Il s’agit d’une pêche assez sportive dans des fonds souvent mi-sable, mi-vase, où le pêcheur du dimanche ne s’aventure que peu.

Palourdes farcies au jambon et à la tomate

Ingrédients

- palourdes de belle grosseur
- tomates
- talon de jambon blanc
- thym
- huile d'olive
- poivre blanc moulu

Recette

Ouvrez les palourdes en laissant le poisson entier dans l'une des coquilles. Vous pouvez conserver l'eau qui s'écoule pour en faire un petit jus beurré pour des pâtes ou l'ajouter à un fumet pour lui apporter une saveur iodée. Utilisez-la rapidement en tout état de cause, ou congelez-la.

Coupez la tomate et le jambon en petit dés, en brunoise exactement. Comptez un volume d'un tiers de jambon pour deux tiers de tomate. Répartissez dans les palourdes, parsemez de thym, ajoutez de l'huile d'olive de qualité et passez au four chaud.

Attention à la cuisson, il juste gratiner un peu les palourdes sans trop les cuire, d'une part elles seront meilleures ainsi, et d'autre part, les tomates resteront juteuses et apporteront de la fraicheur et un peu d'acidité à l'ensemble. Servez après avoir donné quelques tours de votre moulin à poivre blanc. Le plus souvent, j'utilise du poivre de Muntok sur les produits marins. 

Et voilà ce régal très simple dans ces assiettes aux initiales de ma fille. Ne croyez pas que j'ai viré snob, elles ont été achetées avant que nous ne choisissions ce prénom. 

 

C'est tout pour ce billet d'été, qui renouvelle un classique de la saison : Un texte court, un point météo, et la recommandation de ne pas ravager les coins de pêche par négligence ou inexpérience. Bonnes vacances à tous les concernés. 

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Comments

[Mamounette85]

Quel plaisir de te lire à nouveau avec tes récits bien tournés, au sens rire et courtois sans hausser le ton mais bien dits. Le bonheur de demeurer à la mer engendre des nuisances mais nous savons que nous devons partager quelques mois ce bonheur que nous retrouverons pleinement à la rentrée. Nous sommes obligés de pousser plus loin vers un estran plus vaseux pour la pêche à pied mais en fait, comme toi, l'été nous évitons à cause de la tornade estivale. Les gens ne respectent rien c'est désolant et ça nous touche énormément de détruire, plutôt saccager, la nature. La vie est ainsi faite et ces gens nous ne pourrons les changer malheureusement. Quand je demeurais en Vendée j'ai assisté de visu à une collecte de ramassage d'ordures sur les dunes et j'ai été stupéfaire de voire un homme jeter son mégot de cigarette, même pas éteint... Comme quoi certains se disent pour la nature et la pollue également.

Ta recette de palourdes me convient bien, pour une prochaine. Bonne journée

[Marie-France]

Chouette recette simple comme j'aime. Généralement je ne leur laisse pas le temps de passer à la casserole car je les mange crues avec du pain et du beurre - salé - aussitôt pêchées. Mais il m'arrive quand même de les farcir, j'aime bien. Je n'ai pas encore fait de cette manière, à retenir pour la prochaine pêche. Bonnes vacances.

[Flores]

Je confirme....pas mal non plus avec un jambon cru ou sec...Une recette que j'ai connue en Espagne...Je vais essayer celle-ci,bien appétissante aussi...

[Vicini]

J'ai déjà fait ta recette mais avec du jambon de Bayonne c'était super bon